Un invité surprise, du blabla et des piques bien senties (ou pourquoi il fallait regarder les César hier soir)
Vous n’avez pas pu voir les César ? J’ai pensé à vous ! Armée d’un bloc note et d’un chronomètre (vous comprendrez en lisant l’article), j’ai suivi avec attention les 3 heures de la 37ème cérémonie des César (palmarès ici). Petit résumé de l’événement, entre succès du film « The Artist » (6 statuettes), invités surprises et petites phrases assassines d’Antoine De Caunes.
Et comme d’habitude, la soirée a débuté par un discours…ennuyeux. Celui de Guillaume Canet, assez stressé, qui a répété les phrases habituelles pour présenter une cérémonie (« Je suis très fier et très heureux blablabla », « Année record pour le cinéma malgré le téléchargement blablabla »…). Ce qui laisse le temps de constater que la mode est au voyant dans le public : Valérie Donzelli et Maïwenn abordent une bouche rouge vive et Sylvie Testud a mis son plus beau costume à paillettes. « Et maintenant, place au cinéma ! », hurle soudain Guillaume Canet. La soirée peut (vraiment) commencer.
De Caunes déconne
J’ai beau avoir cherché partout, je ne l’ai pas trouvé. En effet, impossible de mettre la main sur un résumé complet de la cérémonie des César (les journaux se contentant du palmarès)… et donc impossible de retrouver les fameuses petites phrases de la soirée. Surtout que, dans ce domaine là, Antoine de Caunes, le Mr Loyal de l'événement, est très fort. Débutant la soirée en se faufilant dans tous les grands films de l’année (ce qui était techniquement super bien foutu), avant de finir sur la scène du Châtelet dansant avec JoeyStarr, il a ensuite multiplié les petites pépites. Florilège :
* "On se croirait à une soirée de gala sur le Costa Concordia"
* Au public : "Soyons honnêtes : si vos parents vous avaient élevé correctement, vous ne seriez pas dans le cinéma"
* Sur la ressortie de Star Wars en 3D : "Il parait que les effets sont tellement saisissants qu'on peut voir la main de George Lucas sortir de l'écran et aller dans votre poche !"
* "Cette année, un géant du cinéma a tragiquement disparu. Mégaupload"
* A propos du succès du film "Intouchables" en Allemagne : "Nous pouvons faire rire nos amis allemands alors que l'inverse reste encore à prouver"
* Sur Carla Bruni, qui a joué cette année une conservatrice de musée dans le dernier Woody Allen : "un rôle sur mesure pour une experte en restauration"
Les invités n’ont pas été en reste, à l’exemple de Laurent Lafitte, venu présenter « le César du meilleur Français dans une Américaine » (« les nommés sont : Benjamin Millepied dans Nathalie Portman, Olivier Martinez dans Halle Berry… »), qui a tenté de dragouiller Kate Winslet (« Hello Kate, I’m Laurent The Fitte, and you maybe saw me in The Little Kleenex »). Il faut dire que, côté humour, il y a eu de tout dans cette soirée : humour burlesque avec Kad Merad fracassant son pupitre, humour canin avec Julie Ferrier en dresseuse d’animaux de cinéma, humour poétique avec Michel Gondry qui semble-t-il a dit des trucs salaces à Kate Winslet (mais vu qu’il parle l’anglais comme une vache espagnole, personne n’a rien compris) et humour moyenâgeux avec des troubadours, mages et faux dragons venus accueillir Alexandre Astier. Sans oublier la fameuse application I-Pad spéciale César où vous pourrez entre autre consulter le message de Valérie Lemercier partie tenter sa chambre à Bollywood (ce que De Caunes conclura par un élégant : « la différence entre Hollywood et Bollywood, c’est le smecta »).
Les discours les plus courts sont les meilleurs ( ?)
Quel est le lien entre tous les lauréats de la cérémonie (à part qu’ils travaillent tous dans le cinéma, hein) ? Ils ont (presque) tous commencé leur discours par un embarrassé : « Je vais essayer de faire court ». Ah oui, vraiment ? Parce que, si je me souviens bien, les autres années c’était déjà le même refrain. Et on se souvient tous des tentatives désespérées de Gad Elmaleh ou Antoine De Caunes pour faire lâcher de force le pupitre aux lauréats (tenaces, ces petits). Alors, cette année, j’ai carrément choppé le chronomètre. Histoire de voir si on se foutait (toujours) de notre gueule ou pas. Et surprise, je m’attendais à pire en voyant le résultat : 59 secondes en moyenne par Césarisé. Mais quand même 1541 secondes (26 minutes environ) de remerciements à papa, maman et au poisson rouge. Et dans le trio de tête, Omar Sy, qui décroche le César de la parlote avec 2 minutes 30 de remerciements, suivi par le compositeur de la B.O de « The Artist », Ludovic Bource, et de Laure Gardette, la monteuse de « Polisse ». Quant au plus court discours, il est de...5 secondes. Et pour cause : celui qui l'a prononcé, Laurence Bennett, ne sachant parler français, s'est contenté d'une poignée de mots dans la langue de Molière.
Surprises, surprises
La soirée a réservé aussi quelques surprises. Tout d’abord, dans ses résultats : Michel Blanc empoche le César du meilleur second rôle masculin (pour la 1ère fois de sa carrière !), alors que tout le monde voyait JoeyStarr couronné ; « La guerre est déclarée » repart bredouille et « Polisse » avec seulement deux statuettes (tandis que « The Artist » en rafle 6 et « L’Exercice de l’Etat » 3) ; et Jean Dujardin se fait voler la vedette par Omar Sy, déclaré meilleur acteur, et qui se permet même d’effectuer quelques pas de danse (quel culot, ces jeunes ! Faire ça devant un acteur consacré pour son rôle de comédien de claquettes…). Autre petites surprise : la liste des nommés au meilleur scénario…où tous les nommés ont comme principale activité soit la réalisation (Hazanavicius, Maïwenn…) soit la comédie (Emmanuelle Bercot) (mais que font les scénaristes professionnels en France ?)(Ils passent à la réalisation ou à l’actorat, vous me direz).
Et mes César sont décernés à…
César de la meilleure remise de César : Sarah Forestier, venue remettre le César du meilleur scénario original, et qui, faussement émue, a eu une pensée « pour toutes les autres filles qui n’ont pas pu remettre le César », a remercié « ses parents » et a dédié cet honneur à son homme : « mon amoureux, cette remise de César, elle est pour toi !"
César de l’invité surprise : Matthieu Kassovitz. On ne l’attendait pas du tout. Et malgré tout il est venu. Quelques jours après avoir déclaré qu’il faisait des trucs cochons avec le cinéma français et ses films bouseux, le réalisateur français est venu tout sourire « honorer sa promesse ». Et remettre le César de la meilleure photo, aussi.
César de la boulette rigolote : Clotilde Hesme, qui a tenu à remercier sa sœur, « Clotilde Hesme ». Euh…
César de la boulette tout court : Mathilde Seigner qui demande à Joey Starr de monter sur scène, sous-entendant que Michel Blanc, qui venait de recevoir le César du meilleur second rôle, ne le méritait pas.
César du fêtard : Antoine de Caunes, qui propose à ses copains qui ont perdu "un bon gros pétard". Et qui montre l'objet du délit devant le théâtre du Chatelet au grand complet.
César du meilleur blanc : Aure Atika. Pas de bol, pour l’actrice française. Sa définition de l’espoir (« L’espoir, c’est quand vous m’avez vu venir et que vous vous êtes dit : j’espère qu’elle sera pas trop chiante ») n’a recueilli que des sourires polis. Et un étrange bruit de vent.
Et voilà mes amis, c'est tout pour cette 37ème cérémonie des César ! Mais si vos acteurs préférés n'ont pas été récompensés, n'ayez pas d'inquiétude sur leur talent. Car, comme le dit si bien Julie Ferrier : "Patrick Dewaere a été 8 fois nominé. Et il n'a jamais eu de César".