Tenir un cinéma sur une île, pas si facile

Publié le par Chippily

Anne-Marie Perron, 70 ans, à la tête du cinéma de Groix (photo Ouest-France).

Anne-Marie Perron, 70 ans, à la tête du cinéma de Groix (photo Ouest-France).

Pour Ouest-France, j'ai fait une petite enquête sur les cinémas des îles de l'Ouest. Et j'ai constaté que c'est parfois un vrai casse-tête pour des insulaires de voir des films...

Chaque vendredi, c'est le même rituel pour Anne-Marie Perron, 70 ans. De l'île de Groix, où elle tient son cinéma Le Korrigan, elle saute sur un bateau à 9 h 30, direction Lorient. Puis, roule 44 km, jusqu'à Guémené-sur-Scorff, où elle habite quand elle ne met pas en route des bobines. Elle fait un crochet par le cinéma Rex de Pontivy, 23 km plus loin. Elle y enregistre quelques films sur son disque dur. Et poursuit sa route jusqu'au cinéma Le Celtic, à Baud, 25 km plus au sud, où elle charge là aussi quelques films.

36 km de plus la ramènent à Lorient, au bateau de 18 h 30. À Groix, à 19 h 15, son premier geste est de vérifier, sur son ordinateur, si tous les films sont là. « Une fois, le disque dur était vide. J'ai dû retourner à Baud. Je devais diffuser Ninja Turtles le surlendemain! »

Ce périple hebdomadaire, c'est son programmateur qui l'a proposé. Anne-Marie Perron n'ayant pas les moyens de s'acheter le logiciel permettant de télécharger en direct les films à l'affiche, il lui a suggéré de s'arranger avec ses confrères du continent.

Sur les quinze îles ou archipels constituant les Îles du Ponant, ils ne sont que quatre (Belle-Île-en-Mer, Aix, Yeu, Groix) à avoir leur propre cinéma. Et à, parfois, aligner les galères : horaires des bateaux contraignants, colis de DVD perdus…

Un cinéma itinérant

En 2013, des associations des îles avaient eu l'idée de se réunir. Leur projet : un cinéma itinérant.« On avait étudié chaque cas. Pour les îles desservies par navettes, on avait calculé la taille des malles contenant le matériel de projection pour qu'elles puissent passer les portes », explique Anne-Marie Mallegol, secrétaire de l'association 7e Batz'Art, située sur l'île de Batz.

Malheureusement, le financement coince. « Le projet est en sommeil, mais il n'est pas abandonné », assure Anne-Marie Mallegol. En attendant, les associations ou les mairies font le boulot : à Bréhat, Arz et Batz, on projette dans des salles polyvalentes, avec des spectateurs assis sur des chaises et des films pas toujours récents. « On doit attendre un an après la sortie publique », grimace la secrétaire de 7e Batz'arts.

L'avantage des îles, c'est leur cadre de vie : Belle-Île ne compte plus les acteurs en vacances ou avec une résidence secondaire venus avec plaisir présenter une séance. Mais avoir des plages magnifiques n'est pas toujours un bonus. Comme le souligne Guillaume Anberrée, responsable de l'exploitation du Ciné Islais (Yeu), « quand il fait beau, on ne voit plus personne! »

Le cinéma de Belle-île-en-Mer.

Le cinéma de Belle-île-en-Mer.

Publié dans HoRs-cHaMp

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